Ryuk

Death Note

Adaptation Netflix 2017

Synopsis Allociné : Un étudiant trouve accidentellement un Death Note. Il suffit d'écrire le nom de la personne à châtier et d'avoir en tête son visage pour que cette dernière meure d'une crise cardiaque.

_____________________________

 On ne va pas se leurrer, ce synopsis manque totalement d'intérêt...

Je viens de terminer le visionnage de ce film. Avant même de le démarrer, je me suis concentré sur cette phrase : ne compare pas. Et j'ai dû me le rappeler sans cesse durant toute la durée du film...

Il y a quelques mois encore, je me tapais le drama adapté du manga, ainsi que les films (seulement les deux premiers, je n’ai jamais regardé le troisième). Je n’ai pas lu le manga, ni regardé l’animé, mais j’avais quand même déjà bonne matière à comparaison…

De loin en loin, si je devais m’arrêter à une seule critique, je dirais « pas terrible ». Les trois quart du temps, j’avais envie de faire quelque chose à côté pendant que le film tournait –dont continuer la lecture de Game of Thrones.

J’ai été surpris d’entendre, dans les quelques premières minutes, des musiques façon synthé’ employées en général dans des films/séries se déroulant dans les années 80/90. La dernière fois que j’en avais entendu, c’était d’ailleurs dans la superbe série Stranger Things. Dans Death Note, ce n'était pas très cohérent. Je me demandais même s’il ne s’agissait pas d’une simple parodie à l’œuvre originale tellement c’était kitch. Mais je ne me suis pas arrêté à ce détail. Voyons plutôt les personnages :

Light. Le personnage principal, qui s'est révélé fort intéressant dans les films et le drama, n’a pas su me convaincre dans ce film. Dans les autres adaptations, on voyait les acteurs majestueusement plongés dans l’engrenage infernal de ce qu’ils essayaient de faire comprendre et d’accomplir. Ils en devenaient fous mais sans être dénués d’intelligence et de charisme. Ici, le personnage est vide… L’acteur aurait-il mal été choisi ? Non. Son jeu d’acteur est bon. C’est le personnage de Light, vu à travers Netflix, qui n’a pas révélé son potentiel. Light est cruellement dénué de ce qui faisait de lui un être vivant dans ses idéaux.

La présence de Mia à ses côtés rajoute une affreuse couche de vide.

Mia. Devait-elle représenter Misa ? Que je vous explique rapidement : dans les autres adaptations, Misa est une jeune fille connue, une Idol dans le jargon japonais, qui admire Kira (le surnom offert à Light par ceux qui croient en ce « Dieu qui tue des criminels »). Elle se retrouve en possession d’un autre Death Note et vient en aide à Light, forte et impressionnante dans son rôle de seconde Kira. Ici, Misa n’existe pas. Et Mia n’est qu’une pâle copie de Misa, pompom-girl fade et sans intérêts. Dès le début du film, Light balance son secret et les voilà tous deux en couple. C’est affligeant. L’actrice, comparée à l’acteur de Light, n’a pas dévoilé de bons talents d’interprétations. De mon point de vue, elle était à côté de la plaque, autant que son personnage ne servait pas du tout les intérêts de Kira.

Ryuk. Parlons de ce Shinigami (Dieu de la Mort). Lui en vaut vraiment la peine. Dans les autres adaptations, Ryuk était plus gentillet et finissait par donner l'impression de s'être attaché aux humains. Ici, il reste un personnage axé sur sa condition et son cynisme. J’ai adoré son sarcasme, son je-m’en-foutisme. Son visage –dont ses magnifiques yeux !- était largement plus adapté pour son rôle que dans les autres adaptations, où il ne semblait être qu’un reflet de ce qu’il aurait dû paraître (merci à son interprète Willem Dafoe, que j'apprécie beaucoup). Il semblait bel et bien vivant cette fois, et c’était plaisant de le constater ! Sans la présence de Ryuk, ce film n’aurait eu droit qu’à un zéro pointé.

L. Ce personnage énigmatique, doué pour se camoufler et jouer au caméléon avec le reste du monde, sort cette fois de sa coquille. Pendant une fraction de seconde, ça m’a surpris de voir un acteur Black tenir le rôle. Mais je n’ai pas eu de rejet là où je vois de nombreuses mauvaises critiques. Ajoutons à cela les détails qui font de lui quelqu’un de complètement instable –et donc complètement humain- avec son taux de sucre élevé et son manque de sommeil. Mais ça s’arrête là. Que L soit autant entouré là où il préfère garder l’anonymat, ça m’a dérangé. Qu’il se pointe face à Light à une table de bar, ça m’a déconcerté aussi. En fait, tout était trop rapide et trop mal interprété. Si on ne connaît pas l’histoire de base, on est perdu. Le personnage de L a été complètement bâclé et offert en charpies à ce film.

∴

Je n’ai pas eu le temps de m’attacher à qui que ce soit –à part Ryuk, même s’il est malheureusement trop peu présent. Au contraire !, j’ai eu de l’aversion pour Mia et j’ai soupiré d’exaspération pour Light et L qui méritaient largement mieux. Je ne parle même pas des personnages secondaires, qui auraient pu avoir une place plus conséquente. Mais faire tenir une histoire plausible en 1h30 est impossible pour ce cas de figure.

Death Note est un sujet à part entière ; L’histoire d’un mec qui reçoit la possibilité de tuer des gens et qui souhaite alors un monde meilleur. Qui devient l’icône rebelle de notre temps, nommé Kira par ses adorateurs anonymes. Qui devient la cible des forces de l’ordre en action, dont son propre père, pour tous ces meurtres pourtant providentiels. Mêlant les énigmes, les détours, les actes impossibles.

Non, cette adaptation de Netflix n’a pas tenu sa promesse. C’était trop peu. Plutôt que de construire le personnage sans vie de Mia, ils auraient dû tourner l’histoire à la faveur du père de Light et de leur relation conflictuelle. Laisser le temps à Kira de prendre sa place et à Light de plonger dans son rôle de justicier traqué au risque de s'effacer. D’offrir à L plus de marge et moins d’humanité pour exploiter son intelligence. Sa traque de Kira abouti beaucoup trop vite ici, et sans réelle concordance…

Si Netflix avait suivi leur adaptation comme l’ont fait les films japonais, et donc de tenter deux/trois films à la suite, cela aurait pu valoir le coup. Sans forcément tomber dans le plagiat pseudo-américain, cela va s’en dire. Mais ils se sont attaqués à plus gros qu’eux et ont essuyé un échec.

Points Positifs : Par contre, j’ai apprécié qu’ils ne foutent pas de musiques mielleuses à souhait dès qu’une scène était plus « sensible », préférant ainsi les chansons un peu plus rythmiques qui cassaient l’ambiance avec une subtilité appréciable. C’est un détail qui compte, croyez moi ! A cela s’ajoutent de bons effets au niveau des morts, où on sent le côté « américain » avec le gore et les variances à la Destination Finale.

Du sang et Ryuk, quoi de mieux ? Se basant là-dessus, je pense que ce film vaut quand même au moins UN visionnage pour s’en faire une idée. Ce serait dommage de passer à côté des choses positives que j’ai mentionné.

Ne vous y trompez tout de même pas : sa note restera sous la moyenne.

[rires sarcastiques] Les humains sont vraiment fascinants. [rires sarcastiques]

Ryuk