• Life is strange 2

    Résumé :

    Sean Diaz, 16 ans, et son frère Daniel Diaz, 9 ans, ont grandi à Seattle avec leur père, Esteban Diaz. À la suite d'un événement tragique, Sean et Daniel sont contraints de fuir leur domicile familial et par la suite de quitter l'état afin de se rendre au Mexique. Ils souhaitent se rendre plus précisément à Puerto Lobos, ville natale de leur père. La vie sur la route est difficile et Sean va réaliser que ses décisions ont un impact sur sa vie et celle de son petit frère. (source : Wikipedia)

     

    Les deux frangins

    Life is strange 2

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    HISTOIRE

    Difficile d'être un adolescent mexicain dans un pays où le racisme perdure (la France n'est pas mieux lotie à ce sujet). Sean a seize ans, se consacre à ses potes, à la fille qui l'intéresse, et au sport. Sa mère s'est barrée à ses huit ans et c'est un sujet extrêmement tabou pour lui. Il vit à Seattle avec son père et son petit frère, Daniel. Au départ, c'est l'insouciance ; Sean se prépare à une sacré soirée, son père bosse sur sa future voiture dans le garage, son petit frère prépare un nouveau coup... Une famille assez ordinaire, en somme, et une vie assez pé-père.

    On incarne donc Sean. Dans les premières minutes, on comprend qu'on a un voisin con, et ça se confirme lorsqu'on lit des échanges assez pointilleux entre notre père et le voisin. Le seul tort de notre famille ? Les origines mexicaines. Et tout du long, c'est un détail qui sera exploité. Une fois dans notre chambre, on s'installe, on se pose, on découvre ce que Sean apprécie, notre côté artiste bien mis en avant, et alors qu'on discute avec notre meilleure amie Lyla par vidéo-conférence, voilà que notre cher petit frère ramène sa fraise pour nous montrer son faux-sang fait maison pour Halloween. Sauf que, rappelons-le, Sean est un adolescent et faut pas entrer dans notre chambre comme ça ! Donc on le fout dehors. On continue de taper la discut' avec Lyla, la soirée, la fille, la timidité exacerbée de Sean...

    A l'extérieur, on entend alors le jeune voisin gueuler contre notre petit frère. Et parce qu'on est con mais pas trop, on se précipite dehors pour éviter les ennuis et sortir Daniel du pétrin. Son tort ? Avoir foutu malencontreusement du faux-sang sur les fringues du gars. Vu sa grande gueule, il aurait mérité son propre sang sur ses vêtements mais bon... Bref. On a des choix à faire, qui ne changeront malheureusement pas l'avenir. Les circonstances se délient, s'imbriquent, se déchirent. C'est la panique, on prend Daniel, notre sac préparé normalement pour une autre occasion, puis on se barre fissa. Ce n'est que le début du premier épisode et déjà on ne sort pas indemne de cette première épreuve.

    Suivront alors la survie, l'apprentissage, les mots, la douleur. Tout un panel bien ficelé d'émotions, de ressentiments enfouis, de tristesse cachée. Les chemins se croiseront, se feront et se déferont. Chaque épisode, cinq en tout, découpé à des moments clés où les choix qu'on fera importeront beaucoup et impacteront notre petit frère en plein apprentissage de la vie. On grandit, on devient des frères loups. Rien n'est laissé au hasard et on subit, nous joueur, en même temps que Sean et Daniel. Impossible d'échapper à leur histoire sans souffrir avec eux.

    GAMEPLAY

    Jeu divisé en cinq épisodes, Life is Strange 2 est surtout basé sur des choix aux multiples conséquences. Des QTE sont disséminés par-ci par-là, des moments où il ne faudra pas attendre cinq secondes pour répondre sinon il sera trop tard. J'avais parfois peur de me perdre, de louper des choses, mais à part certains objets à collectionner que j'ai loupé, c'est assez linéaire. Les objectifs sont marqués au fur et à mesure et, pour partir à la découverte d'un monde ouvert, il suffit de ne pas les remplir trop tôt.

    J'ai joué sur PS4, la manette répond bien aux déplacements et aux boutons. J'ai eu quelques soucis de sous-titrages non faits et un freeze dans une cinématique. Quelques petits codages mal foutus aussi mais franchement, je ne peux pas retenir tous ces points négatifs pour ma note finale.

    Durant notre aventure, durant nos choix, on peut influencer l'orientation sexuelle de notre adolescent. Cela a été plus ouvertement fait que dans le premier Life is Strange. Plusieurs traits de la société actuelle sont évoqués : sexualité, drogue, religion entre autre. C'est criant de vérité et de réalisme. Trop pour quelqu'un d'altruiste comme moi... J'ai couvé Sean et Daniel autant que j'ai pu, la fin obtenue m'a retourné le cœur. Quatre fins officiellement différentes, plus quelques alternatives dans chacune d'elles en fonction de certains choix. En y regardant de plus près sur le net, j'ai pris conscience que j'avais eu la meilleure fin espérée pour mes deux loups.

    Mention spéciale aux doublages magnifiquement bien foutus. Sean et Daniel n'en étaient que plus attachants. Et puis, je le dis tout haut, les mots latinos glissés par Sean rendait foutrement justice au côté ténébreux qui empiétait sur sa timidité maladive du début.

     

    MON POINT DE VUE

    La réalité est dure... Et les inégalités le sont d'autant plus dans ce monde de fous. A l'heure où j'écris ces lignes, on est en confinement suite à la pandémie de Covid-19 ; j'ai voyagé avec Sean pour me prendre en pleine gueule toutes les saloperies qu'il endurait. Ce jeu, ces personnages, ouvre une porte en chaque joueur. Ensuite, c'est en votre âme et conscience que le Bien et le Mal doivent être justes.

    Je ne ressors pas indemne de ce jeu. A peine fini, avec une bande son magnifique qui m'a foutu les larmes aux yeux plus d'une fois, j'ai déjà un terrible manque. Sean et Daniel sont attachants à leurs manières bancales, fraternelles et conflictuelles. On grandit avec eux, même si on est adulte en tant que joueur. On en apprend toujours plus, on se positionne d'un autre point de vue. On se prend le racisme américain en pleine poire, on passe la crise d'adolescence avec des blessures profondes. Je n'ai plus ressenti un tel attachement depuis Beyond : Two Souls, dont la fin m'a carrément fait chialer.
    C'est face à des personnages aussi soigneusement travaillés que je repense à ma propre vie et à quel point j'aimerai aider des jeunes comme eux. Ces paumés, livrés à eux-mêmes, qui ont juste le but de la survie sans avoir une réelle ambition pour la suite. Des cas aussi socialement en perdition, comme moi, qui chutent dans un monde où, en grandissant trop vite, on n'a plus envie de rien.

    Le racisme et l'homophobie sont deux valeurs du jeu. Comme dans notre réalité, Sean subit, fait des rencontres qui peuvent faire la différence. A-t-on raison de détester quelqu'un qui nous déteste ? Peut-on seulement détester quelqu'un qui nous déteste ? Il n'y a aucune raison valable, chacun devrait être libre d'être qui il est. Se respecter soi-même et respecter les autres. Être égaux.

    On a aussi affaire avec la religion, la mauvaise, celle qui est destructrice ; celle qui retient les pêchés, qui en veut aux gens différents alors que Dieu lui-même aurait dit "aimez vous les uns les autres". On fait face au danger que peut représenter une personne influente dans le milieu. C'est triste, énervant, et bien réel. On se raccroche tous à quelque chose, on a foi en quelque chose même si cette chose n'est pas la même que celle de notre voisin. Autrefois, moi-même j'en voulais à ces fidèles croyants qui n'avaient que leurs yeux pour pleurer pendant qu'on faisait du mal à notre planète. Mais au fond, on a juste des avis divergents, des points de vue différents, et cela ne devrait pas nous diviser ; au contraire. La diversité fait de nous ce que l'on est. Sean et Daniel eux-mêmes, dans cette histoire, en sont les témoins. L'apprentissage de la vie n'est pas une religion, juste un chemin à parcourir du début à la fin. Les erreurs sont pour tout le monde.

    J'en viens alors au jeu Life is Strange 1. Pourquoi je ne le mentionne pas ? Parce qu'il n'a pas eu le même impact sur mon esprit. Pour être franc, j'ai quasiment tout oublié. Aucun des personnages, aussi travaillés qu'ils aient été, ne m'a embarqué. J'ai été touché très peu de fois, et plutôt que d'apprécier la fameuse Chloé à sa juste valeur, j'avais juste envie de la secouer dans tous les sens en lui hurlant d'arrêter ses conneries. L'adolescence est une période difficile, surtout dans les familles déchirées, mais Sean la porte mieux. Il a ses défauts mais ne fait pas le con non plus. Et le fait d'avoir un petit frère à charge défi toute concurrence là où, dans le premier jeu, on incarnait une fille qui pouvait juste remonter le temps pour le modifier et n'avait aucun véritable ami.
    Je ne crache pas sur Life is Strange 1, il est une valeur sûre bien qu'il n'y ait que deux fins possibles et que le jeu se déroule autrement plus facilement que le 2. Je ne vais pas dénigrer le travail accompli derrière et j'ai apprécié mettre un terme au dernier épisode en défiant les envies du personnage qu'on incarnait (vraiment, je ne pouvais pas encadrer Chloé...). Mais vraiment, à part deux/trois sujets trop peu exploités (comme le harcèlement scolaire et le suicide), je l'ai trouvé vide de sens. Je pourrais presque dire qu'il n'avait pas d'âme...

    Life is Strange 2 a tout défié, a rectifié les erreurs du premier opus, pour me retourner cœur et cerveau. Il m'a donné envie d'écrire, de dessiner, de me couvrir d'une couverture, de regarder dehors... de faire tout ça en même temps. Je me suis même mis la main devant la bouche certaines fois pour éviter de dévoiler mon désarroi face à certains choix et certaines cinématiques.

    NOTES

    Jeu 10/10

    Ambiance 10/10

    Scénario 10/10

    Oui, ce jeu mérite le 10 partout.
    J'ai parlé du jeu.

    L'ambiance est égale à l'ampleur des émotions qui me traversent encore alors que j'ai éteint la console il y a au moins quatre heures. On augmente la puissance à chaque épisode, et même si beaucoup ont trouvé les épisodes 3 et 4 moins puissants, je ne peux suspendre mon âme endolorie. Je n'ai aucune foutue préférence d'épisode, ou alors je parlerai juste du premier pour ne pas relâcher ces deux gosses. Mais on ne peut en comparer aucun, ils ont tous une puissance à leur manière, une révélation, un rebondissement, un truc qui prend aux tripes quand on ne s'y attend plus.

    Le scénario est bien ficelé, les documents à lire sont souvent passionnants, parfois déchirants. Et si vous avez la possibilité d'obtenir le DLC gratuit Les aventures extraordinaires de Captain Spirit avant l'épisode 2, vous comprendrez encore plus l'ampleur de sa qualité. Deux gamins lâchés en plein monde adulte, dans la fosse aux lions, piégés par les barbelés qu'on construit autour de Sean au fur et à mesure que l'histoire avance, s'occuper d'un petit frère parfois trop insouciant ou, au contraire, parfois trop dur. Difficile de gérer deux vies en même temps quand déjà la nôtre -celle de Sean- est un ramassis d'émotions éparses.

    CAPTAIN SPIRIT, bonus

    Dans le paragraphe précédent, je faisais mention de ce petit DLC qui était (est encore ?) offert avant le lancement de Life is Strange 2. Une sorte de parenthèse et d'introduction sur la réalité perçue dans la peau d'un enfant. On y incarne Chris, gamin de neuf ans qui a déménagé avec son père quelques temps après la tragique mort de sa mère. Il affronte son quotidien en déployant des efforts d'imagination pour sauver la planète pendant que son père, qui a pris un mauvais tournant, essaie de joindre les deux bouts.
    A travers divers documents, la réalité prend place, on sait contre quoi Chris se bat ; encore un gamin qui doit grandir trop vite pour survivre.

    Même si ce bonus n'est qu'une succession de petits défis à réaliser avec Chris, avec des choix à faire, on en apprend encore plus dès l'épisode 2 de Life is Strange 2. Ce DLC prouve que tous les chemins peuvent se croiser, même lorsqu'on ne s'y attend pas, et qu'on peut agir plutôt que de fuir lorsqu'une épreuve se présente à nous.

    CONCLUSION

    Si vous avez une PS4, une XboxOne ou un bon PC, téléchargez sans tarder ce jeu. Vous aurez peut-être la chance, d'ailleurs, d'avoir un prix comme je l'ai eu il y a quelques jours pour avoir tous les épisodes à prix réduit. Cela vous occupera quelques heures durant ce confinement difficile et, en plus, vous offrira une leçon de vie qui, je l'espère, vous rendra meilleur. Parce qu'on est tous des Sean, parce qu'on a tous un Daniel... Parce que nous sommes un mélange des deux.
    Parce que nous sommes qui nous sommes. Et qu'on ne doit pas s'oublier.



    Petit avant goût de la bande son du jeu avec le morceau Into the Woods.


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