• Je les entends plus que je ne les vois. Sous les vives acclamations du sous-peuple, deux chiens bataillent dans l'arène. Des coups de crocs, des coups de griffes, des jappements, des grondements. La foule est en délire tout autour de la clôture. A l'intérieur, les barbelés empêchent toute retraite à ces animaux qui tentent de survivre. Les camps s'affrontent, les loubards hurlent le nom de l'une ou l'autre bête. Ils savent que s'il y a match nul, si les deux chiens s'entretuent, c'est le Maître qui prendra tout le fric.
    Je les vois, ces deux molosses ensanglantés qui luttent désespérément, férocement. Alors que j'arrive à hauteur des grillages, l'un des deux se fait mordre au flanc. Le hurlement de douleur augmente les rires de la foule en délire. L'oreille pendante, la démarche clodiquante, le dos maculé de sang et de poussière, l'un des deux est Goliath, mon chien. On me l'a volé l'unique fois où je l'ai laissé seul à la maison. Je l'ai cherché, ardemment. Et il va mourir là, après deux ans de combats acharnés dans l'enfer que j'étais loin d'imaginer.
    Quelque part dans les méandres de ce club, d'autres aboiements me parviennent. D'autres futures victimes qui, à leur tour, devront se battre pour gagner à manger et éviter les coups de leurs tortionnaires. Un monde remplit de haine et de souffrance. Goliath, je l'ai élevé au biberon. Un Staff des plus chaleureux et des plus vaillant. M'a-t-il attendu ? Espérait il que je vienne le sauver ? Ou, au contraire, m'avait-il oublié ? Il était d'une nature si sociable que de le voir s'acharner à mettre en pièce l'autre Staff face à lui me donne la nausée. Beaucoup trop de sang a été versé grâce au Maître, imbu de sa personne et tant désireux d'argent et de pouvoir.
    Je recule pour m'évanouir dans le public comme une ombre. Je dois arrêter tout ça. Que justice soit faite. Alors je me dirige vers les marches qui donnent sur le piédestal du Maître. Assis dans un vieux fauteuil en cuir usé jusqu'à la moelle, son regard sardonique ne quitte pas le combat en cours. Il entrevoit la défaite des deux chiens et, par la même occasion, son gain considérable de profit. Personne ne fait attention à moi. Il a à peine le temps d'écarquiller les yeux quand mon couteau de chasse bien affûté pour l'occasion lui tranche la gorge. Son sang jaillit plus puissamment que je ne me l'étais imaginé, inondant son costume trois pièces impeccable et m'aspergeant le visage.
    Je n'entends pas de coup de feu mais la sourde douleur qui gicle dans mon omoplate me prend par surprise. Aussitôt, mon corps me lâche et mes jambes se dérobent sous mon poids. Déjà, les bruits assourdissants s'estompent et un voile transparent s'ajoute à ma vision brouillée. Je tombe sur le côté blessé, la balle nichée dans mon corps change de place, m'irradiant de souffrances insoutenables. Mais rien n'aura jamais été pire que de voir Goliath si proche de son inévitable fin...

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  • Il se tenait immobile, à un mètre à peine de sa future victime assoupie sur le canapé. Il l'observait avec froideur, le regard analysant son jeune visage, son innocence, puis toutes les factures éparpillées sur la table basse. La tuer maintenant avait-il un sens ? Elle tachait de s'en sortir d'elle-même, tel l'agneau au milieu d'une meute de loups. Il l'avait suivi longtemps, sagement, attendant son heure. Et, désormais, il hésitait. Tant de vies prises où il assurait sa psychopathie.
    La télévision diffusait les informations en sourdine, éclairant la sombre pièce de ses mensonges continuels.
    Il leva son pistolet 9mm, les traits toujours stoïques. Il en dirigea le canon vers le front de la jeune femme, puis vers sa poitrine qui se soulevait d'une respiration régulière. Il visa ensuite l'écran LCD vomissant les images dispersées de politiciens interviewés.
    Il avait eu tort. Toujours. Il n'était pas différent de tout le monde. Il était juste le seul à écourter les vies les plus fragiles pour les épargner de la réalité. Il n'était pas un monstre, juste un ange noir. Il ne mentait jamais. Et il en avait assez, là, face à ce jeune visage, à cette innocence.
    Canon contre sa propre tempe, il tira. Enfin.

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  • Mulan (réadaptation 2020 Disney)

     

    Synopsis d'Allociné : Lorsque l’Empereur de Chine publie un décret stipulant qu’un homme de chaque famille du pays doit intégrer l’armée impériale pour combattre des envahisseurs venus du nord, Hua Mulan, fille ainée d’un vénérable guerrier désormais atteint par la maladie, décide de prendre sa place au combat. Se faisant passer pour un soldat du nom de Hua Jun, elle se voit mise à l’épreuve à chaque étape du processus d’apprentissage, mobilisant chaque jour un peu plus sa force intérieure pour explorer son véritable potentiel…
    Commence alors pour Mulan un voyage épique qui transformera la jeune fille en une guerrière aux faits d’armes héroïques, honorée par tout un peuple reconnaissant et faisant la fierté de son père.

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    Mon avis

     

    Pendant le confinement lié au Coronavirus, beaucoup ont, comme moi, re-regardé une longue liste de films d'animation Disney. Ne serait-ce que pour alléger l'atmosphère assez étouffante... Du coup, j'ai, pour ma part, matière à comparaison puisque le visionnage de Mulan est récent. Et que retenir du film à part une pointe de déception ?

     

    • MUSHU

    On le savait depuis longtemps, Mushu n'allait pas être de la partie pour cette fois. Le film serait plus mature, dans l'air du temps, pour suivre l'évolution d'une jeune femme dans la rude vie des hommes. Du coup, pas de phase marrante. Les quelques sourires arrachés par-ci par-là sont bancales. Et le clin d’œil du criquet porte-bonheur n'a aucune importance.

     

    • L'HISTOIRE

    On passe ici d'une scène à une autre, dans un rythme atrocement soutenable. Ça pique les yeux et je regrette d'ores et déjà mes critiques négatives auprès de vous. Je n'ai pas été transporté dans ce film. Non. L'histoire de Mulan avait tout pour réussir un grand film mais on se retrouve avec, au mieux, un de ces nombreux films chinois bourrés d'effets spéciaux et d'arts martiaux totalement clichés. J'ai été déçu d'y voir de la sorcellerie (oui, oui) et encore plus déçu que l'emblème familial soit un phénix plutôt qu'un dragon, ce qui aurait été au moins un autre clin d’œil sympa pour le Disney d'origine.

    N'oublions pas que Mulan est tiré d'un poème. Donc faire un film est assez complexe tout en étant simple puisqu'il y a matière à imagination. Le dessin-animé l'avait bien compris, quand Disney était encore au sommet de sa gloire. Les studios avaient encore quelques idées, ce qui, à ce jour, n'est plus du tout le cas. Faire un film mature basé sur un dessin-animé assez enfantin ne marche pas dans ce cas précis. Surtout pour quelqu'un qui, comme moi, adore Mulan et en a de bons souvenirs lors de sa sortie en salle en 1998. Les combats avec rideaux et autres matières m'agacent ici. A ce compte-là, autant visionner les autres films Mulan qui ont déjà été faits.

     

    • LES PERSONNAGES

    Comment dire qu'ils sont vides sans froisser les acteurs ? Parce que de bons acteurs, il y a. Sauf que là, c'est comme s'ils n'avaient aucune énergie vitale. Le seul à être charismatique est Khan, le grand méchant. Mais tout son potentiel est quasiment mort à cause des autres personnages.

    Mulan a une sœur, ce qui apporte quelques minutes le côté comique mais qui, au final, ne sert pas à grand chose. On regrette l'absence d'une grand-mère superstitieuse, ce qui aurait été un très bon clin d’œil. 

    Dans le Disney de 1998, je m'attachais toujours au père de Mulan, qui avait de bonnes paroles, un bon background et qui apportait une grande valeur à sa fille. Là, dans cette réadaptation, il n'a rien de spécial. C'est désolant et ça me rend triste.

    Je ne parle même pas de l'empereur... D'accord, il se défend pas mal dans cette adaptation parce que c'est Jet Li mais l'ancien sage m'a énormément manqué.

     

    • LA BANDE SON

    Au moins un bon petit point : la musique. Vous allez comprendre pourquoi "petit"...

    On a là des musiques plus asiatiques que dans l'animation, ce qui est génial. C'est raccord, ça ravie les oreilles les plus sensibles. On a la sensation d'être face à un film chinois et non pas un film américain. Je retiens l'adaptation de la chanson "Reflexion" en instrumentale faite de plusieurs façons.

    Mais alors, pourquoi ?! D'accord, cette chanson est un point très important dans le rapport de Mulan sur sa position dans la société mais si cette chanson a été adaptée pour coller au film, pourquoi pas d'autres ? J'ai été déçu du manque de rythme à ce niveau-là. Son départ de chez elle a été totalement bâclé là où le dessin-animé avait rendu cela magnifiquement poignant. Et les entraînements au combat font aussi partis de cette critique... C'était trop calme, surjoué par les acteurs. J'attendais au moins une petite touche de "comme un homme" en instrumental... Mais non. Rien, nada.

     

    • L'ECRITURE

    Évoquée plusieurs fois précédemment dans cet article, l'écriture de ce film est triste. Il n'y a rien. Pour qui regarde ce film sans connaître le Disney de 1998 ne voit là qu'un combat féministe, encore. On vit à une époque où tout le monde doit tout prouver : les gays ne sont pas tous sensibles et efféminés, les filles ne sont pas toutes des s*lopes, les noirs ne sont pas tous les premiers à mourir, les arabes pas tous des voleurs, les chinois pas tous des mangeurs de chiens, etc... A tel point que les films et les réalisateurs rivalisent tous pour savoir qui aura le meilleur message à passer...

    Vous savez quel réalisateur m'a fait passé le meilleur message dans toute mon existence ? Et bien c'est une femme du nom de Mimi Leder avec son film "Un monde meilleur" (adapté d'un livre) sorti en 2000. L'histoire d'un gamin qui cherche et trouve une idée pour rendre le monde meilleur. Une leçon de vie que trop peu de gens connaissent alors si vous avez l'occasion de le voir, faites-le. Avec l'excellent Joel Haley Osment qu'on avait pu voir dans "AI Intelligence Artificielle" et "6ème sens".

    Donc là, tous ces messages d'aujourd'hui, entre religion, sexisme, racisme et j'en passe, c'est tuant. Fatiguant. Je ne suis pas contre ces combats, ni même pour. Nous devrions tous être unis, simplement, surtout en ce moment. Pourquoi chercher des coupables tout le temps ? Donc là, pour Mulan, une femme dans l'armée qui risque sa vie et l'honneur de sa famille, pourquoi pas. Effectivement, la position de la femme dans certaines sociétés est franchement dévalorisante. Mais justement, ça en fait trop pour un Disney... Entre les combats trop à effets, les personnages creux et les mauvaises musiques aux bons moments, ça ne marche pas. Et c'est bien dommage.

    L'écriture a été bâclée. Le film réalisé à la va-vite. Les meilleurs moments du dessin-animé n'ont même pas eu lieu. Je me souviens surtout et pour toujours du grand méchant qui reconnait Mulan dans la cité impériale et dit "le soldat de la montagne" car il s'était essuyé l'avalanche avec les siens... Rien que ce moment-là, je me serais damné pour l'avoir dans cette adaptation. Mais non. A la place, il n'y a que du vide, je le répète. Tout se déroule d'un seul bloc sans qu'on ne s'attache à personne, pas même à Mulan. Il y avait tout pour faire une bonne reprise mais c'est loupé pour cette fois.

     

    On retiendra tout de même certains plans séquences où le paysage était magnifique... Malheureusement, ce n'est pas ce qui aidera ce film.

     

    • LES REMAKES DISNEY

    On a droit à plusieurs films live de la part de Disney maintenant, ce qui permet une comparaison plus poussée encore (je ne vais pas parler de tous).

    La Belle et la Bête : à mon avis, Disney a voulu trop tôt surfer sur le succès d'Emma Watson, ce qui a un peu desservi ce film. L'adaptation était bien, plus ou moins fidèle, mais on restait bloqué sur les mimiques encore trop présentes du personnage Hermione Granger dans Harry Potter. Les personnages changés en objet étaient trop humanisés à mon goût mais c'est à tout un chacun de se faire sa propre idée. Dans l'ensemble, on passait de bons moments parce que le film restait assez fidèle au dessin-animé légendaire.

     

    Le Roi Lion : franchement, si je pouvais éviter de parler de cette hérésie... Je pense que les critiques ont été assez négatives, les gamins assez choqués car trop réaliste, et je n'y voyais aucun intérêt. Le seul point positif que j'y ai trouvé c'est qu'on a su comment Nala a pu s'échapper. Mais autrement, c'est creux à mourir d'ennui et la VF, excusez-moi du peu, m'a pété les tympans.

     

    La Belle et le Clochard : les médias en ont moins parlé et à tort ! J'avais peur de cette adaptation parce que ma "maman chienne" (1992-2009) portait le nom de Lady et j'aurais très mal pris un souillage de sa mémoire. Mon seul ressentiment a été l'absence des deux s*lopards (XD) de siamois et de leur chanson emblématique, remplacés par une autre race féline et un autre style de chanson (que je vous laisserai découvrir). La petite déception touche le Clochard qui manque de charisme et ce cher scottish anglais qui est une femelle donc adieu le légendaire "miss Laaaadyyyy". Mais on a tout de même un film de très bonne qualité, de très belles séquences et enfin une relation plus approfondie entre Lady et ses maîtres. Un film que les enfants peuvent regarder sans soucis du moment que vous leur expliquez certaines choses, dont l'histoire des fourrières pour qu'ils prennent conscience qu'abandonner un animal est horrible.

     

    Aladdin : Pourquoi on n'en parle pas plus ? Voilà une adaptation qui est allée au delà de mes espérances. Je n'étais pas spécialement fan du dessin-animé mais Will Smith m'a réconcilié avec celui-ci et ce film en prime ! Beaucoup trop de monde inondait la tweetosphère de messages négatifs et accablants sur la présence de cet acteur alors que moi, j'ai revu en lui le Prince de Bel-Air. Il jouait un rôle qui lui plaisait et y prenait autant de plaisir qu'il en donnait. Le message des mariages forcés est passé par une belle chanson qui, au fil des visionnages, peut paraître lourde mais ça reste néanmoins acceptable. Tout le reste a été respecté et j'étais totalement hypé par la chanson du Prince Ali où, là surtout, je retrouvais l'esprit du Prince de Bel-Air et, surtout, de cette période où Will Smith chantaient les génériques des films dans lesquels il jouait. Les effets spéciaux sont parfaits, la princesse manque malheureusement un peu de jeu d'acteur, la caverne aux merveilles offre quelques incohérences, mais dans l'ensemble, il est à ce jour le meilleur remake offert par Disney (et j'emmerde ceux qui disent le contraire parce que Will Smith blablabla...)

     

    On en revient donc à Mulan qui, pour cette fois, a été totalement réécrit. Et c'est là qu'il déçoit. Les fans comme moi voulaient un remake digne comme Aladdin l'a été, avec les chansons populaires (et non pas juste UNE !), avec un Mushu en chair et en os pour qu'on puisse à nouveau rire.

    Au delà de ça, si c'était pour réécrire le scénario, il fallait quelque chose de plus profond, de plus travaillé. Ne pas ajouter un personnage doué de sorcellerie comme on en voit dans quasiment tous les films chinois car là, l'incohérence se fait. Il n'y a plus de Mulan version plus réelle avec cette présence-là.

    Et quitte à rajouter une heure de film en plus, il fallait creuser tous les personnages. Parce que les physiques ne correspondaient pas aux personnages du dessin-animé, normal. Difficile de suivre ceux qui, normalement, deviennent les amis de Mulan. J'étais dégoûté parce que j'attendais les punchlines légendaires entre les trois compères, notamment entre Yao et Ling, sachant que Yao était le petit baraqué et Ling la grande asperge. Mais non. Rien. Et, si histoire d'amour il y a, c'est très peu mis en avant. A part des jeux de regards entre Mulan et un personnage encore plus creux et inconnu, on n'a rien à se mettre sous la dent. Même le moment gênant où elle prend son bain reste juste gênant alors qu'il aurait dû être un peu comique...

    Ce film est passé à côté de ce qui aurait du faire son succès : l'honneur. Il en manque. Car il ne fait pas honneur à ce qu'il aurait pu être. D'autres films, totalement chinois, ont été largement mieux que celui-ci. Je pense notamment à Little Big Soldier, avec Jackie Chan, qui m'a marqué et m'a sorti de ma zone de confort lors de sa sortie il y a dix ans.

    Dommage

     

     Ma note

    4/10

    Le verdict tombe. On a quand même un bon level design, de bons effets spéciaux, de beaux combats (même si parfois surjoués), une belle bande son. Mais vous n'allez vous attacher à personne. Ce n'est pas un remake mais bien une réadaptation totale et sans vie. Même le cheval, on aurait pu s'attendre à un minimum venant de Mulan, normalement plus émotive que ça, pour son fidèle animal...


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